
Leçon 11: Ruth et Esther
11.1 Famine dans « la maison du pain »
La présence attentive de Dieu au milieu des besoins humains
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Introduction
Bethléem – la « Maison du Pain » – souffre de la faim. Quel paradoxe ! Dans un monde si riche, il y a la pénurie. Dans une ville dont le nom promet l’abondance, règne la disette. C’est le prologue à l’histoire de Ruth – l’un des récits les plus poignants de la Bible. Elle ne commence pas par un triomphe, mais par une tragédie. Et pourtant : c’est précisément ici que Dieu entre en action. Non pas avec éclairs et tonnerre, mais dans les petites décisions de personnes ordinaires. Ruth nous montre que la providence de Dieu n’a pas toujours l’air spectaculaire – parfois, elle naît dans les ténèbres les plus profondes.
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Étude biblique – Ruth 1,1–5
Verset 1 – « Au temps des juges… »
Le contexte est sombre : Israël traverse l’époque chaotique des Juges – une ère d’instabilité spirituelle et de déclin moral (voir Juges 21,25). La famine n’était pas qu’un problème économique, mais aussi le signe d’une détresse spirituelle dans le pays (cf. Deutéronome 28,23–24).
Principe spirituel : la chute spirituelle finit toujours par affecter la vie concrète. La séparation d’avec Dieu entraîne la pénurie, intérieure et extérieure.
Verset 1b – « …un homme de Bethléem en Juda s’en alla séjourner … »
Élimélec, dont le nom signifie « Mon Dieu est Roi », quitte la terre promise – une contradiction prophétique. Au lieu de faire confiance à la provision de Dieu, il cherche refuge en Moab, un pays réputé pour son idolâtrie (cf. Deutéronome 23,4–7).
Question : que faisons-nous quand la « Maison du Pain » est vide ? Restons-nous dans la promesse de Dieu ou fuyons-nous la détresse ?
Versets 2–3 – « …et Élimélec mourut… »
Naomi subit le premier coup : la mort de son mari. Pour une femme à cette époque, cela signifiait invisibilité sociale et insécurité économique.
Versets 4–5 – « …et ses deux fils moururent aussi… »
Après dix ans de mariage, Machlon et Kiljon meurent à leur tour. Naomi se retrouve non seulement veuve, mais aussi sans enfant — sans avenir, sans protection. Pour l’époque, c’était une catastrophe absolue. Elle reste seule avec deux belles-filles moabites – étrangères et sans espoir.
Symbolisme : la perte de la famille symbolise la rupture de la lignée originelle de bénédiction – une sorte de « chute » personnelle. Naomi est arrachée à son héritage.
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Réponses aux questions
Question : Lis Ruth 1,1–5. Quels problèmes Naomi et Ruth ont-elles rencontrés et quelle en était la cause ? En quoi cela reflète-t-il la situation de toute l’humanité aujourd’hui ?
Réponse détaillée :
Naomi et Ruth sont confrontées à une crise à la fois personnelle et sociétale, profonde et multiple :
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Famine à Bethléem (v. 1) : La « Maison du Pain » est vide – signe que, même dans la terre promise, le manque sévit quand le peuple s’éloigne de Dieu. Cette famine physique reflète une famine spirituelle dans l’époque où « chacun faisait ce qui lui semblait juste » (Juges 21,25).
➤ Cause : rébellion collective, déclin moral, mépris des principes divins. -
Migration en pays hostile (Moab) : Élimélec emmène sa famille en Moab – non seulement un territoire géographique différent, mais aussi l’antithèse spirituelle d’Israël. Les Moabites pratiquaient l’idolâtrie (Baal, Kemosh) et entraînaient Israël à pécher (cf. Nombres 25).
➤ Symbolisme : confiance dans les solutions humaines plutôt que dans la provision divine. -
Mort du mari (Élimélec) : Naomi perd son époux – un coup qui signifie plus que le deuil : fin de la sécurité, du statut et souvent de l’existence économique.
➤ Conséquence : isolement et incertitude. -
Perte des deux fils (Machlon et Kiljon) : Dix ans sans enfant s’écoulent, puis la mort des fils anéantit tout espoir de descendance. Naomi se retrouve âgée, sans enfant et sans ressources, tandis que deux belles-filles étrangères restent à ses côtés.
➤ Symbolisme : extinction de la lignée, perte d’identité culturelle et spirituelle.
Ces drames ne sont pas que des coups du sort personnels, mais reflètent la condition humaine : jadis en Eden, l’homme vivait dans l’abondance et l’intimité avec Dieu. Par la rébellion, il est devenu exilé, vulnérable et condamné à mourir (1 Mose 3). Aujourd’hui, nous peinons « à la sueur de notre front », séparés de notre source d’abondance.
Naomi représente tout être humain doutant de la promesse divine, mais conscient qu’il n’existe pas d’autre refuge que le retour à Dieu. Ruth, quant à elle, incarne celui ou celle qui, malgré la perte, demeure fidèle et devient instrument de salut.
Question : Comment la terre, après 6000 ans de péché et de mort, révèle-t-elle encore les merveilles de l’amour et de la puissance créatrice de Dieu ?
Réponse détaillée :
Malgré la malédiction du péché – guerres, famines, maladies, catastrophes naturelles, injustice – la création porte encore les signes de la présence et de la créativité de Dieu :
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Dans la nature elle-même :
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Un lever de soleil sur la mer, chaque jour nouveau, unique et sublime, rappel de la fidélité divine (Lamentations 3,22–23).
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Le cycle des saisons – semailles et moissons, gel et chaleur –, maintien d’un équilibre malgré la rébellion humaine (Genèse 8,22).
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La diversité et la beauté de la vie – de la grandeur des montagnes à la délicatesse d’un papillon, témoignages d’un Dieu ordonné, créatif et aimant.
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Dans l’expérience humaine :
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L’amour au cœur de la souffrance : une mère auprès de son enfant malade, un inconnu offrant un thé à un sans-abri, un médecin allant au-delà de son devoir : restes de l’image divine en l’homme.
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Art, musique, poésie : notre capacité à émerveillement, création et émotion révèle que nous sommes faits à l’image de Dieu, malgré le voile du péché.
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Sens moral : notre conscience de la justice, de la vérité et du bien vient d’un Créateur juste.
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Dans l’histoire du salut :
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L’histoire de Ruth : Dieu utilise une veuve étrangère pour préparer la lignée du Messie.
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La naissance de Jésus : envoie Son Fils non dans un palais, mais dans une étable.
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La puissance de l’Évangile aujourd’hui : des millions à travers le monde trouvent guérison, réconciliation et espoir en Christ.
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Même après des millénaires de rébellion, l’amour de Dieu ne tarit pas. La terre est blessée mais non abandonnée, elle gémit mais vit encore, prête à la rédemption à venir (Romains 8,22–23).
En bref, les merveilles de l’amour de Dieu sont partout – dans la nature, la grâce, l’humanité et l’espérance. Il suffit de regarder avec le cœur.
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Principes spirituels
Dieu permet la perte – mais jamais sans raison
L’expérience douloureuse de Naomi n’arrête pas l’œuvre de Dieu. La perte n’est pas la fin : Il transforme les fragments brisés en un nouveau mosaïque.
Fuir la promesse n’apporte pas de sécurité
Élimélec quitta Bethléem en quête de sûreté, mais Moab ne lui offrit que la mort. La vraie sécurité réside toujours dans la volonté de Dieu.
La fidélité se manifeste dans la vallée
Ruth, la Moabite, prend une décision – bien que non visible ici, elle deviendra l’héroïne du récit. La loyauté naît souvent dans l’ombre avant de porter du fruit.
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Application quotidienne
À quoi ressemble ta famine personnelle ?
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Insécurité financière ?
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Vide spirituel ?
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Rupture familiale ?
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Crise d’identité ?
Beaucoup se sentent aujourd’hui comme Naomi : chassés de la « Maison du Pain », entourés de pertes, seuls dans un pays étranger. Pourtant, c’est ici que commence l’histoire de Dieu. La famine n’est pas la fin, mais le début du chemin de retour.
Quelles décisions prends-tu dans la crise ?
Fais-tu confiance à la main invisible de Dieu ou fuis-tu vers ton « Moab » – la confiance en l’homme, la rancune, la diversion ?
Jésus dit : « Je suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura jamais faim » (Jean 6,35).
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Conclusion
Ruth 1,1–5 n’est pas un début aléatoire. C’est notre histoire à tous. Nous sommes Naomi. Nous sommes Ruth. Nous sommes des affamés dans une terre désertée. Mais Dieu n’est pas loin.
La famine à Bethléem n’était pas la fin, mais le point de départ d’une histoire de rédemption qui, de Ruth et Boaz à David, conduit jusqu’à Jésus, le vrai pain descendu du ciel.
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Pensée du jour
« Quand la Maison du Pain est vide, Dieu allume souvent un nouveau four de grâce. »
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Illustration – « Le chemin du retour »
C’était un mardi matin, peu après six heures. De fines gouttes de pluie tintaient contre les vitres du tramway presque désert. Lea était assise tout au fond, la capuche remontée, les mains enfouies dans les manches de son pull. Ses mains étaient rêches, ses ongles rongés. Elle ne se rendait pas au travail : elle n’en avait plus. Pas de logement non plus : juste un lit de refuge dans un foyer pour femmes, en zone industrielle. Depuis la mort de son mari Jonas, tout avait dégringolé : d’abord le cancer, puis les dettes, puis l’isolement. Et un jour, semblait-il, le dernier brin d’espérance s’était envolé.
Elle avait trente-huit ans. Autrefois fleuriste pleine d’énergie et d’idées, « celle qui riait avec ses yeux », disaient ses clients fidèles. Maintenant elle ne se reconnaissait plus dans le miroir.
Dans le foyer vivait aussi une dame plus âgée nommée Margit. Silencieuse, elle parlait peu. Mais chaque soir, elle s’installait près de la fenêtre avec une Bible usée, murmurant parfois d’anciennes cantiques. Un jour, Lea lui demanda : « Penses-tu que Dieu fasse encore quelque chose ? Je veux dire… si on regarde autour de nous. »
Margit garda le silence un long moment, puis souffla simplement : « Je crois qu’il est encore là, même quand on ne le voit pas. Surtout alors. »
Lea rit doucement. Mais ces mots restèrent gravés en elle.
Quelque jours plus tard, elle alla à la distribution alimentaire d’une paroisse. On disait qu’on n’y offrait pas seulement du pain, mais aussi des paroles réconfortantes. Il faisait froid, humide, le vent lui mordait le visage. Elle s’aligna dans la queue. Devant elle, une jeune femme au foulard tenait la main d’un petit enfant. L’enfant la regarda et lui sourit, sans peur. Et Lea, qui n’avait pas reçu un sourire en des mois, cligna des yeux, surprise.
Quand son tour vint, la bénévole lui tendit un sac de pains et de conserves, puis demanda doucement : « Voulez-vous aussi une prière ? »
Lea hésita, puis hocha la tête. Quelque chose en elle en avait besoin, pas pour faire un grand geste, juste pour savoir qu’elle était vue.
La dame posa une main sur l’épaule de Lea et pria. Pas une longue prière, pas solennelle. Juste :
« Seigneur, regarde ton enfant. Tu ne l’as pas oubliée. Sois avec elle. »
La nuit, Lea resta éveillée longtemps. Elle pensa à tout ce qu’elle avait perdu : Jonas, la vie partagée, le petit commerce. Elle songea à son ancien chez-elle. Et pour la première fois depuis longtemps, elle ne demanda pas : « Pourquoi cela m’est-il arrivé ? », mais : « Que se passerait-il si je revenais ? Pas à ma vie d’avant, mais… à Dieu ? »
Le lendemain, elle retourna à l’église et parla au pasteur. Il l’écouta—vraiment écouta. Pas de réponses toutes faites, pas de promesses creuses. Juste cette présence silencieuse. Puis il lui raconta l’histoire de Ruth—cette veuve moabite qui avait tout perdu, mais avait choisi de rester auprès de sa belle-mère Naomi et de revenir dans un pays étranger. « Ton Dieu sera mon Dieu », avait déclaré Ruth.
Lea sentit quelque chose bouger en elle. Elle ne sut pas pourquoi, mais c’était comme une porte qui s’ouvrait.
Les semaines passèrent. Elle trouva un petit emploi dans une entreprise de jardinage, aidant à planter des cours d’école. Ce n’était pas grand-chose, mais elle se retrouvait parmi les gens, ses mains touchaient de nouveau la terre, et le soir elle était fatiguée d’une fatigue bonne.
Margit lui offrit une Bible d’occasion. « Rien que pour toi », dit-elle.
Un soir, déjà nuit, Lea traversa le parc de la ville. Les arbres bruissaient doucement, le vent était devenu doux. Elle s’arrêta, leva les yeux vers le ciel et murmura :
« Dieu… je suis encore là. Je ne sais pas si tu m’entends. Mais je veux revenir. Je suis prête. »
Il n’y eut ni tonnerre, ni feu d’artifice, ni voix céleste—juste une certitude intérieure : elle était arrivée.
Au cœur de Dieu.